jeudi 30 juin 2011

Ca' Dario de Jean-Paul Bourre



J’ai découvert ce livre en flânant dans une petite librairie parisienne. Une couverture aguicheuse, un titre énigmatique et Venise m’ont convaincu de lui faire une place dans ma bibliothèque.
Il se trouve que cette librairie est aussi l’éditeur puisqu’il s’agissait de la librairie des belles-lettres. Faire vivre un petit éditeur constituait un autre bon argument pour céder à l’attrait de cet ouvrage.

La Casa Dario est un petit palais vénitien plein de charme, mais une légende funeste l’accompagne.
On raconte que quiconque tentera de le modifier, d’en changer les contours, les pièces ou la façade sera victime d’un accident ou se suicidera. On dit aussi que quiconque l’habite est en grand danger.
Et c’est vrai que depuis sa construction, les morts se sont succédé selon les époques.
Peu après la construction, Giovanni Dario, son premier propriétaire est ruiné et se suicide. On raconte que sa fille, morte de chagrin, se serait enfermée dans une chambre et aurait refusé toute nourriture. Mais elle a plus sûrement été enfermée par son mari qui convoitait la maison.
Lui-même et quelques uns de ses descendants connaitront aussi des morts brutales, de même que de récents propriétaires de la demeure, suicidés ou assassinés.

Qu’en est-il alors de cette légende qui semble se vérifier, et quelle malédiction frappe ces propriétaires malchanceux ?
C’est la question que se propose de traiter l’auteur de ce petit livre très intéressant.
De Woody Allen au chanteur des Who, du premier propriétaire au plus récent maffieux, il suit une chronologie qui démontre par l’exemple la réalité de la malédiction du lieu.
A la lecture de ce livre, il n’est pas contestable qu’il se passe effectivement quelque chose, la démonstration étant limpide.

Mais voilà, que se passe-t-il ?
Il est beaucoup question de templiers, d’une devise cryptée écrite sur la façade, d’un cimetière antique disparu et d’une ancienne implantation templière, mais peu d’éléments de preuve sont finalement apportés.
C’est ce qui m’a donné l’impression de rester sur ma faim. Il y a beaucoup d’information, mais elles gagneraient à être développées, ou mieux exploités.
La devise écrite sur la façade, par exemple, est décryptée et menace le propriétaire de la maison de le faire déchoir s’il faillit. Certes, mais qu’est ce que faillir pour un templier, en quoi Dario a faillit ? Nul ne le sait. De même, le cimetière templier semble bien avoir été là, mais en quoi est-ce si terrible pour la maison ?

Alors oui, je l’avoue, je lis sans doute trop de romans policiers et comme par déformation lectoriale, j’attendais une grande révélation finale qui me permettrait de mettre toutes les pièces du puzzle en place.
Cette révélation ne vient pas puisque ce n’est pas un roman policier. L’auteur nous fait part de ses recherches, des informations dont il dispose et c’est extrêmement intéressant. Le livre est bien construit, le style fluide, et engage à aller plus loin.
C’est donc une bonne lecture, mais il faut savoir dès la première page qu’il n’y aura pas de réponse pour tout.

Si vous aimez Venise, si vous aimez les histoires de fantômes, si vous êtes passionnés par les templiers, si les histoires de maison vous plaisent ou si vous appréciez les livres documentaires, vous pouvez ajouter ce livre à vos lectures d’été, mais aussi d’hiver.


Un premier livre pour le Challenge Giro in Italia parce que cette maison vénitienne est le héros de ce livre.




mercredi 29 juin 2011

Chroniques Birmanes de Guy Delisle


Aujourd'hui, je vous parle d'une petite BD rafraîchissante ET utile, car elle parle d'un pays où la vie n'est pas facile.
Encore une fois, c'est une BD qui parle d'un pays que j'ai visité, ce qui fait que le récit de l'auteur me touche davantage. Mais je ne l'ai pas lu là bas. Je pense d'ailleurs que la censure aéroportuaire me l'aurait gardé.

L'auteur, Guy Delisle, a publié plusieurs BD comme celle-ci où il raconte sa propre histoire et sans doute aussi celle des expatriés et des locaux qu'il a pu croiser. Vous trouverez donc plusieurs destinations, comme Pyong Yang ou Shenzhen. Il a également publié des BD plus légères comme Louis à la plage.
Sa prochaine publication s'intitulera Chroniques de Jerusalem et reprend le même principe que les précédentes, à ceci près que Guy Delisle a publié un grand nombre de ces dessins sur un blog qu'il tenait pendant son "séjour" à Jerusalem. C'est donc un peu un livre que certains lecteurs ont pu voir se faire en temps réel et c'était vraiment très sympa.
Pour voir des extraits, c'est par ici, sur le blog de l'auteur, et ici, vous serez sur le blog tenu pendant le séjour à Jérusalem.

Guy et sa femme s'installent à Rangoon, en Birmanie,  pour quelques mois. La femme de Guy est médecin humanitaire et fait régulièrement de longues missions dans des pays qui en ont besoin.
Le couple s'installe progressivement avec leur bébé, séjournant d'abord dans une guest house puis trouvant une maison dans un quartier résidentiel.
Guy dessine, s'occupe de leur petit garçon et chacune de ses sorties est le prétexte à une petite histoire.
Il raconte l'admiration de ses voisins pour ce petit garçon aux cheveux blonds, la paranoïa des soldats, la vie quotidienne avec les coupures de courant et la censure, les missions de sa femme dans la jungle, le club house des américains, le supermarché vide...

Jamais complaisant, l'auteur parle de lui, de sa vie quotidienne, mais sans minimiser la difficulté des Birmans. Il dénonce les brimades subies quotidiennement sur un ton souvent sarcastique, mais toujours humoristique.
Il pointe les obsessions du gouvernement, la présence des soldats, les obligations contradictoires.
Il aborde aussi les problèmes liés à l'action humanitaire qu'il connait bien grâce au métier de sa femme, et comme ce n'est pas le premier pays dans lequel ils séjournent, il peut à chaque fois mesurer l'écart avec d'autres situations.


Il est aussi dans une situation privilégiée. Comme il travaille à la maison et s'occupe de son fils, il a un sujet de conversation tout trouvé avec les birmans, et le gardien de sa maison permet de traduire le minimum pour se comprendre. Les enfants sont l'un des seuls sujets dont on peut discuter sans être soupçonné de collusion avec l'ennemi !

Le dessin de Guy Delisle est aussi l'un des points qui m'ont fait apprécier cette BD, et je dois avouer que j'apprécie davantage encore depuis que j'ai suivi ses pérégrinations à Jérusalem. Sur son blog, il présentait son travail étape par étape, et ça, c'était chouette !
Vous l'avez déjà vu sur ce blog, je dessine un peu, ce qui fait que je suis sensible au travail minimaliste qu'il propose dans ses livres. Avec un feutre gris et un stylo fin noir, il parvient à créer des scènes à la fois simples et expressives, parfois remplies de détail que je ne peux pas m'empêcher d'admirer.
Je voyage aussi et la vie d'expat me fait rêver (eh oui, on ne se refait pas). Or j'ai retrouvé dans ce livre des tics que j'ai moi même quand je vais dans un autre pays, comme la visite du supermarché. C'est la première chose que j'ai envie de faire, mais à Rangoon, il n'y en avait qu'un à l'époque. Je l'ai donc retrouvé avec plaisir dans ce livre.

En bref, j'ai beaucoup aimé ce livre, que je conseille vivement si vous voulez en savoir un peu plus sur la Birmanie en passant un bon moment, ou si vous voulez lire une bonne BD.
Ce n'est pas léger, mais on rit et on sourit.






mardi 28 juin 2011

Au cœur des Himalayas d'Alexandra David-Néel



Je ne sais pas si je vais être très objective dans ce billet, car j’ai lu ce livre en visitant les lieux dont parle l’auteure.
Je ne serais donc probablement pas un bon juge pour vous parler des descriptions ou de l’évocation des lieux, puisque je les avais sous les yeux.
D’un autre côté, je ne crois pas que ce soit le plus important dans ce qu’écrit Alexandra David Neel. Elle répète assez souvent que ce qui l’intéresse, ce sont davantage les gens, leurs pensées, leurs façons de vivre plutôt que les paysages. Pour elle, un « paysage » est d’ailleurs quasi uniquement constitué par les gens qui l’habitent, ce qui fait qu’elle passe plus de temps à les décrire qu’à s’attarder sur le décor.

Mais il me faut également dire quelques mots de l’auteur avant de parler du livre. Cette femme, décédée à l’âge vénérable de 100 ans et demi, a été la première occidentale à visiter le Tibet à une époque où aucun étranger n’était autorisé à y entrer. A dos de mulet ou à pied,  accompagnée d’un guide et parfois de porteurs, elle a arpenté les Himalayas, a visité Lhassa, a appris le tibétain et l’hindou, et est même devenue sadou !

Pendant ses voyages, elle remplissait des petits carnets, prenait des notes en vue de la rédaction de ses mémoires. Elle a ainsi pu laisser de nombreux récits de voyage, mais a aussi publié des guides sur le bouddhisme qui constituent toujours une référence aujourd’hui.

Dans ce livre, Alexandra David Neel se rend au Népal, pays interdit aux étrangers en 1912. Seuls quelques observateurs britanniques étaient autorisés à séjourner à Katmandou, pour « observer la situation ». Si d’autres voyageurs souhaitaient s’y rendre, il fallait demander une autorisation spéciale, et la route imposée par le gouvernement était destinée à décourager les voyageurs de revenir seuls.
Grâce à des amis hauts placés, Alexandra David Neel se voit proposer ce séjour et bien qu’elle n’en ait pas particulièrement envie, elle se rend à Katmandou. Ce point a son importance, car elle se montre souvent très critique à propos des Népalais. Dans son récit, elle raconte le voyage, les coutumes locales et décrypte certaines pratiques religieuses.

L’avantage de ce livre, pour le voyageur, c’est qu’il permet de comprendre certaines particularités du pays. Les coutumes religieuses, par exemple, et le mariage bouddhisme-hindouisme ou les relations des Népalais avec les Tibétains sont analysés par une femme qui connaît parfaitement ces populations.
Son discours est à la fois simple et détaillé, elle se place du point de vue de l’occidental, tout en se référant à une réalité indienne qui lui permet de faire des comparaisons. Elle est ainsi très claire et son lecteur dispose des clés principales de compréhension. 

Pendant son voyage, Alexandra David Neel suit un circuit qui est resté le même aujourd’hui et m’a amené à m’interroger sur la quasi impossibilité à l’époque comme aujourd’hui d’aller rencontrer des Népalais de la campagne profonde.

J’ai aussi pu constater que les lieux n’avaient pas beaucoup changés. Alexandra David Neel visite les même lieux que ceux qui sont visités par les touristes pressés d’aujourd’hui, mis à part Pokhara qui a été développé plus tard.
Restituant l’atmosphère de ces lieux, l’auteure essaie de nous faire comprendre le fonctionnement de la société népalaise, son rapport souvent tendu avec des populations installées depuis des décennies mais non népalaises comme les Tibétains.
Ces explications laissent entrevoir une population fière de son pays mais proche du racisme et trop enfermée sur elle-même pour pouvoir se développer de manière harmonieuse. Pour Alexandra David Neel, les Indiens sont méprisés par les Anglais, mais ils le leur rendent bien, alors que les Népalais croient les dominer et ne les voient pas approcher. Mais son point de vue doit être pris pour ce qu’il est : un point de vue personnel. Elle reste fasciné par son voyage au Tibet et habite en Inde. Elle a donc un discours assez orienté et ne le cache pas.
Cela n’a toutefois pas d’incidence pour le lecteur, et ce livre reste une jolie découverte de ce pays.

Si vous allez au Népal, si vous êtes amoureux de l’Himalaya, des montagnes, si vous aimez les récits de voyage, si vous voulez être dépaysé en 100 pages, jetez-vous sur ce petit livre, vous serez comblé.


Cette lecture vient compléter :



lundi 27 juin 2011

Deux livres dans ma valise...


Martial proposait dernièrement de réfléchir aux livres que nous mettrions dans notre valise pour les vacances.
A la manière de François Busnel, il nous demande quels sont les deux livres qui nous paraissent les plus importants.

C'est une question bien difficile, car il y en a toujours plusieurs.
Il y a des incontournables, des Classiques, des livres qui me paraissent pouvoir être relus encore et encore, ou des livres que je voudrais partager avec tous le monde tant ils m'ont plu.
C'est le cas de l'Immortalité de Kundera, par exemple, mais pour des vacances, il y a mieux.
Il y a aussi des livres avec lesquels j'ai passé de très bons moments et que je conseille facilement, sans toutefois penser qu'ils auraient leur place dans ma valise.
Je pourrais mettre dans cette catégorie le Vieux qui lisait des romans d'amour, ou Quel temps fait-il en Afrique ? qui séduit tous ceux à qui je l'ai conseillé (il est génial).



Pour répondre à la question, je me suis aussi demandée comment je choisis mes livres quand je pars en vacances.
La réponse ne va toutefois pas m'aider beaucoup, puisque je pars le plus souvent à l'étranger, et je choisis des livres qui se passent dans le pays visité.
Quand je reste en France, je prends ce qui traîne sur mon étagère à PAL, ce qui m'inspire le plus, et il s'agit souvent de policiers ou de romans historiques, voire même d'un mélange des deux. Le roman policier historique est mon pêcher mignon, on ne se refait pas !

Alors comment répondre à la question posée ?
Il faut choisir ce qui me paraît pouvoir être lu et relu, tout en étant conforme avec l'idée que l'on se fait des vacances.
J'avais pensé à l'Oeuvre de Zola, et Les Chouans de Balzac.



Mais pour des vacances, on repassera !

Mais je crois que j'ai trouvé.
Si je ne devais choisir que deux livres, intemporels et qui puissent être relus sans peine, j'emporterai d'abord  Le Comte de Monte-Cristo. Ses trois tomes et les rebondissements multiples garantissent des heures de lecture passionnantes. 
Ensuite, j’emmènerai Une vieille maitresse de Barbey d'Aurevilly parce que ce n'est pas gai, mais qu'est-ce que c'est beau ! 



Sur la photo proposée par Martial, je n'oublie pas qu'il y a aussi une liseuse, alors après tout, pourquoi se résoudre à n'emmener que deux livres ? :-D



C'est lundi, que lisez-vous ?




Les deux semaines passées, j'ai lu plusieurs livres et j'ai stagné sur un d'entre eux.

J'ai donc lu la Délicatesse de David Foenkinos, et ce livre m'a beaucoup plu. J'ai lu aussi Trois enquêtes du Père Brown de G.K. Chesterton




En ce moment et depuis plusieurs semaines, je lis laborieusement, je dois l'avouer, Le Dernier templier de Raymond Khoury.
Depuis quelques jours, je lis également Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants et cela va beaucoup plus vite.




Et la semaine prochaine, alors ?
Il y a des chances pour que je continue à lire Le Dernier templier, mais je pense lire avec plus d'enthousiasme Le Village aux huit tombes.



Et vous ? Vous lisez quoi ? 
Vous avez aussi un livre sur lequel vous vous endormez trop facilement ? 



Tous les participants sont chez Galleane 
qui vient relayer Malou pour lister les liens.


samedi 25 juin 2011

La délicatesse de David Foenkinos


Voilà un livre qui prenait la poussière dans ma PAL depuis très longtemps, et qui a bénéficié d’une lecture commune pour enfin en sortir.
Je l’avais pourtant acheté dès sa sortie, persuadée que j’allais le lire rapidement, et cédant à l’attrait de la collection blanche de Gallimard. Je crois d’ailleurs qu’il s’agit du seul Gallimard de cette collection dans ma bibliothèque.
Finalement je l’ai enfin lu, et je dois dire qu’il m’a beaucoup plu.

François croise Nathalie dans la rue et l’accoste pour lui proposer de boire un café. Les hommes disent toujours qu’ils ne font jamais ça, mais pour François, c’est vraiment la première fois.
Mais que boire lors d’un tel rendez-vous ? Si Nathalie prend un jus d’abricot, il l’épouse. Elle prend un jus d’abricot.
Puis ils se marient, Nathalie termine ses études, trouve un emploi. Ils vivent heureux, sans heurts, jusqu’au jour du drame.

Ce roman est assez atypique, et je crois que les classificateurs littéraires rangent Foenkinos avec Jaenada et d’autres « postmodernistes ». Mais ce n’est pas le plus important.
Je sais que d’autres lectrices de cette lecture commune ne seront sans doute pas du même avis que moi, mais personnellement, j’ai été cueillie dès la première page par le style de Foenkinos.
J’ai aimé les deux ou trois phrases binaires qu’il essaime dans les premiers chapitres, les alternances de chapitres bizarres avec les chapitres narratifs, les passages d’un personnage à l’autre.
Le style du texte est travaillé, ce qui devient de plus en plus rare, et l’on sent une préoccupation réelle pour le texte et sa forme. A intervalle régulier, des chapitres très courts, composés de quelques phrases viennent s’intercaler, reprenant un élément du texte. Il y en a un, par exemple, qui donne le code de l’immeuble de l’un des personnages, puisque celui-ci vient de l’oublier, un autre qui donne le menu du restaurant. Je n’appellerai pas cela des digressions puisqu’il ne s’agit pas vraiment de développement sur un autre sujet mais plutôt une divagation du narrateur, un souci du détail qui ponctue le roman.

Mais ce que j’ai préféré, c’est son évocation de la délicatesse. Le roman entier est une délicatesse. Il effleure les personnages. Cela m’a d’abord agacé et je les ai trouvés bien plats et vides, pas assez travaillés.
Puis finalement, il m’a semblé que c’était là que résidait cette délicatesse. Nathalie est d’abord un personnage ébauché pour se construire sous le regard du lecteur tandis qu’elle se reconstruit, qu’elle retrouve le chemin de l’extérieur et de la vie.
Elle semble banale et passe partout dans la première partie du roman. Elle ressemble à tout le monde et sa vie n’est pas si intéressante. Et puis les choses changent, et c’est là qu’elle devient un vrai personnage.

Cette lecture m’a rendu curieuse et j’irais bien voir ce que contiennent d’autres romans de Foenkinos. J’ai un peu peur qu’il se répète, mais il faut lui laisser le bénéfice du doute.

Si vous aimez Beigbeder (edit : ou pas en fait, ce n'est pas la même chose, et Foenkinos, c'est même beaucoup mieux) et Jaenada, les romans très contemporains, les histoires tristes mais douces, les surprises de l’écrivain, je vous conseille ce livre. 


Pour lire ce roman, je n'étais pas toute seule et vous trouverez d'autres billets chez George, Asphodèle, Delphine qui publie aussi pour Sunsi, Mango, Anne, une autre Anne (de poche en poche), ValMélusine, Liliba et Plaisir des mots




vendredi 24 juin 2011

Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher


En essayant d’écrire ce billet, je prends conscience de ce qui a fait que je n’y suis pas arrivée auparavant. 
J’ai effectivement lu ce livre en février, grâce à Liliba qui l’a gentiment fait voyager. J’ai mis un certain temps à le lire. Les 50 premières pages m’ont semblé difficiles, et je m’arrêtais toutes les 10 pages pour lire autre chose. Et puis, d’un seul coup, je me suis plongée dedans et je l’ai dévoré. Les pages ont défilé sans que je puisse m’en détacher, y compris le soir, où je lisais jusque tard dans la nuit.
Et justement, c’est là que j’ai remercié ce livre d’être aussi passionnant.
Alors que je lisais cette histoire de sorcière promise au bûcher, alors que le feu est cité toutes les pages, j’ai entendu un bruit bizarre qui venait de ma cuisine. Mon propre conduit de cheminée avait pris feu et ronflait bruyamment.
Bon, je vous passe ma peur viscérale du feu issue de vieux souvenirs, le réveil de mon homme qui dormait paisiblement, les tentatives pour éteindre le poêle, la cendre partout dans la cuisine et l’attente à côté du poêle qui ne voulait pas refroidir.
Vous comprendrez que j’ai laissé ce livre de côté quelques jours.
Comme il s’agissait d’un livre voyageur, et qu’il me plaisait quand même beaucoup, j’ai finit par le terminer et j’ai bien fait.

Corrag est une sorcière anglaise, comme sa mère avant elle, mais pas comme sa grand-mère. Les accusations vont vite en ce 17e siècle, et on devient souvent sorcière bien malgré soi.
Alors qu’elle n’est encore qu’une toute jeune fille, élevée par sa mère dans un petit village à l’écart, elle doit fuir les hommes du village venus les chasser. Protégée par sa mère qui l’envoie au loin, elle se retrouve seule sur les routes avec une vieille jument.
Elles cheminent en tâchant de rester discrète et monte vers le nord, comme le lui a dit sa mère. Elle finit par trouver un pré qui lui plaît et où elle se sent en sécurité.
Mais quand le roman commence, Corrag et en prison et a été condamnée au bûcher. Un pasteur la visite chaque jour pour tenter de comprendre ce qui s’est passé dans la lande et qui est la cause du massacre dont elle semble être la seule survivante…

Dans ce livre, Corrag raconte mais elle n’est pas la seule. Elle raconte son histoire, comment elle est arrivée jusque là. Du fond de son cachot, elle livre sa vérité sur la vie, sa vie, les hommes, les dieux, la nature. C’est beau et triste parfois, c’est lumineux d’autre fois et ça donne envie de lande et de grands espaces.
Puis l’auteur raconte aussi, en adoptant la figure d’une journaliste qui décide d’enquêter sur une vieille histoire. Faisant office d’introduction, cette évocation du travail de l’auteur est une bonne plongée dans l’époque lointaine où elle nous emmène.
Et il y a le pasteur. Un homme, face à cette femme, mais un homme qui écoute et se transforme. Ce personnage nous est connu par les lettres qu’il écrit à son épouse après chaque journée passée dans le cachot de la sorcière, et cette alternance narrative est vraiment bienvenue parce qu’elle permet d’alléger un peu le récit. 
Le lecteur passe d’une lettre à un récit à la première personne toutes les 5 à 10 pages, il passe du discours d’une jeune femme à celui d’un homme mûr, du discours de celle qui a vécu à celui de l’homme qui cherche.

J’ai vraiment apprécié ce livre.
Les personnages évoluent, ils ont une épaisseur et ne sont pas seulement des êtres de papier. Ils m’ont poursuivi longtemps, et j’ai encore une mémoire très nette de ce que j’ai lu.
L’auteur m’a happé par un style qui n’est pas toujours simple mais qui s’apprivoise sans peine. L’histoire est passionnante, l’alternance de discours permet de connaître deux visions différentes de cette histoire et la narration est très bien construite.
Je lis souvent des romans policiers et quand je peux trop facilement anticiper, je suis déçue, mais là, c’est parfait. Je découvrais page après page, et tout restait cohérent et logique. Magnifique !

Je dirais donc que si vous voulez lire un roman qui se passe au moyen âge, qui parle de sorcière, ou un belle histoire, pleine de nature et de grands espaces, ou si vous voulez juste lire un bon livre, un beau roman, jetez-vous sur celui-ci !

Merci à Liliba pour ce livre voyageur qui m’a aussi fait voyager.
Avec cette lecture, je clos mon challenge 1% rentrée littéraire juste à temps pour recommencer l’an prochain ;)



mardi 21 juin 2011

Des livres en Birmanie...

Grosse journée hier. Trop grosse pour avoir un peu de temps pour publier quelques photos.
J'aurais pu programmé mon billet, me direz-vous, mais gros weekend aussi :)

Alors voilà, Chrys nous a abandonné pour les lundi parmi tant d'autres, mais Zaza est toujours là.
Et moi aussi, même si on est mardi.
Hier, le thème proposé était donc "les livres" et pour un blog comme celui-ci, il faut bien avouer qu'il aurait été dommage de manquer un thème pareil.

J'ai donc farfouillé dans mes photos de Birmanie, parce que ce pays est un pays de lecteur !
Eh oui, à la différence de ses voisins, la Birmanie a une population qui lit tout le temps, dans le bus bondé, au restaurant de rue, pour passer le temps devant la maison, en faisant une pause dans les champs...

Et comme ils lisent, il faut des librairies ! Or ce sont des lieux un peu trop subversifs !
Les librairies se sont donc transformées en bouquinistes où les romans sentimentaux ou les romans d'aventure s'échangent, s'achètent et se revendent. 



Il y a aussi de grands classiques de la littérature, et même de la littérature française, reliés sur le marché.




Et pour les plus religieux, les livres du temple sont là aussi. 



Et voilà un peu d'exotisme pour bien poursuivre la semaine :)




vendredi 17 juin 2011

Avis aux fans de Simenon... et aux autres !


Au cas où vous ne seriez pas passé chez votre libraire hier, ou au cas où l'information vous aurait échappée, je me suis dit qu'un rapide petit billet n'était pas inutile.

Le journal le Monde a l'habitude de proposer une série de livre tous les été.
Cette année, c'est Simenon qui a été choisi et qui sera disponible tous les jeudis avec le journal du jour.
Chaque volume comprend trois romans de Simenon qui sont accompagnés d'un texte critique rédigé par Pierre Assouline, un critique de qualité qui rappelle que Simenon écrivait aussi des "romans-romans".
Les romans sont choisis par thème et réunis autour d'un lieu ou d'un sujet commun.
Le premier volume, sorti hier au prix de 4,90 € (9,90 pour les suivants), comporte trois romans qui se passent sur la Cote d'Azur.
Il s'agit de la Fuite de Monsieur Monde, Maigret s'amuse et Streap-tease.



Comme je l'ai dit ici, je n'ai jamais lu de Maigret et la lecture de En cas de malheur m'a donnée envie d'aller plus loin. L'été me semble le moment idéal.
Je ne sais pas si je serai assez rapide pour acheter tous les volumes, mais j'en ai déjà repéré deux qui me plaisent bien.
La couverture et l'édition sont soignés, c'est un beau volume.
Et pour les moins rapides, la boutique du journal est toujours bien fournie.

Alors, tentés ?

Et comme vous êtes sages, vous aurez droit à un billet de lecture dans l'après-midi :)
Edit : Ah ben non, le billet, ce sera pour plus tard... ;)


mercredi 15 juin 2011

Challenge le club des 5


Un nouveau challenge ! Et de 20 !


George a pensé à nous pour cet été et a cru qu'on allait s'ennuyer. Elle nous a donc concocté un petit challenge estival qui consiste à lire ou relire les lectures de notre enfance.
La bibliothèque rose est évidemment la collection que George a choisi, mais elle est tolérante et prendra aussi en compte les participants qui lisent la bibliothèque verte.

Et ça tombe bien, parce que mon bouquiniste n'était pas très fourni hier et le seul livre qui m'a sauté aux yeux, c'est celui ci : l'Orchidée noir, une enquête des soeurs Parker en bibliothèque verte.



Je crois bien que j'ai déjà croisé ces soeurs Parker et chez ma maman, il y a aussi une série de la bibliothèque rose avec des soeurs qui m'a marqué mais dont je suis incapable de retrouver le nom.
Il faudra que je passe un coup de fil.

En attendant, il y a cinq niveau pour ce challenge qui s'achèvera à la fin de l'été et sonnera la fin de nos vacances (et mon nouveau travail, chic :D). Si vous voulez vous joindre à nous, vous pouvez choisir de lire :

  • 1 roman : niveau Annie
  • 3 romans : niveau Mick
  • 5 romans : niveau François
  • 7 romans : niveau Dagobert
  • 10 romans : niveau Claude


Je vais faire ma modeste, et ne sachant pas si une razzia dans la bibliothèque matriarcale est possible dans les temps, je vais viser le niveau Annie, avec possibilité de monter d'un cran.

Je vais aussi viser petit, parce que j'ai également visité la bibliothèque universitaire hier, et ma moisson est... comment dire... assez énorme !
J'ai donc du travail en perspective.



Et vous ? Vous lirez quoi cet été ? 



Quand Gallimard remplace Bottin



Si vous êtes abonné au roi des éditeurs sur Twitter, ou si vous suivez un peu l’actualité littéraire sur le net, vous avez peut-être vu passer une information qui paraît anodine, mais qui permet de parler un peu de l’évolution du marché du livre.

 

Aujourd’hui, à Paris, la rue Sébastien Bottin sera débaptisée pour devenir (sur une partie seulement) la rue Gaston Gallimard, puisque le siège de l’éditeur se trouve là. C’est une rue privée, apparemment, et ils font un peu ce qu’ils veulent.
Et là, vous vous dites « Bottin, ça me dit quelque chose » et vous avez raison !
Le bottin, celui qu’on connaît aujourd’hui, a été inventé par M. Bottin (comme M. Poubelle a inventé la poubelle), qui inspira aussi le bottin mondain.
Il paraît même que Mick Jagger qui habite dans la rue s’est insurgé de ce changement de nom.
C’est vrai que ce pauvre Bottin n’avait sans doute pas mérité ça (en même temps, je ne suis pas sure qu’il s’en soucie vraiment).

Mais alors pourquoi j’écris ce billet ?
Je n’ai pas grand-chose à reprocher à Gallimard et je pense même que c’est une belle maison d’édition.
Mais je trouve que la politique qu’elle mène face au livre numérique est rétrograde et n’apporte pas grand-chose au débat. Le livre numérique pose plein de problèmes qui me semblent incontournables. Maintenir un prix élevé ne les résout pas.
Cela ne permet pas davantage aux libraires indépendants de survivre, aux ouvriers des imprimeries de conserver leurs emplois, aux livreurs de livre de continuer à avoir quelque chose à livrer.
Même si je rêve d’une liseuse pour mon noël, j’ai aussi conscience que les classiques désormais gratuits constituent le fond des éditeurs et que cela leur permet de survivre quand les ventes chutent.
Ne faites pas comme les disquaires, messieurs les éditeurs et ne vous laissez pas dépassez par le progrès !

Ce petit billet est donc là pour ça, pour nous pousser à réfléchir, à choisir le livre numérique en conscience, peut-être, et si vous souhaitez réagir, n’hésitez pas.

Bon, j’ai aussi conscience que ce que j’écris là n’est qu’un goutte d’eau et vous qui avez eu la bonté de me lire en passant par ici, rassurez-vous, ma logorrhée s’achève là.

 Pour plus d’information, c’est par ici.


mardi 14 juin 2011

Radio des blogueurs : bientôt l'été


Pour la session de Juin, Leiloona nous invite à proposer une chanson qui nous met de bonne humeur, qui fait que la journée commence bien et qu'elle sera bonne.

J'ai plusieurs chansons de ce genre dans mon ipod, dont certaines qui pourront vous paraître surprenantes, et même si deezer nous limite maintenant à un temps d'écoute de 5h par mois, on ne va pas se priver d'écouter de la bonne musique :)

Ce mois-ci, j'ai donc choisi Go to the river de Yaël Naim qui est enfin dispo sur Deezer. J'adore cette chanson. Elle est vive, avec du texte (et je comprends tout) et l'album est pas mal aussi. Une réussite encore une fois pour cette chanteuse qui reste douce.

Je vous mets aussi en bonus deux chansons qui sont moins habituelles, mais sans doute pas moins connues.
Quand j'étais petite, ma mère écoutait en boucle La vie parisienne et je connais l'Air du brésilien par coeur (comme celui qui suit, qui précède, la gantière et le bottier ou la générale).
Et La Parisienne me trotte dans la tête depuis deux semaines, avec une bonne raison (cf par ici)  ;)





"Je suis brésilien, j'ai de l'or et j'arrive de Rio Janer, Paris, Paris, je te reviens encore..."

Et vous ? Vous écoutez quoi pour vous mettre de bonne humeur le matin ? 


lundi 13 juin 2011

"Je cherche du boulot" la suite...


Il y a quelques semaines, je vous parlais de mes pérégrinations en France à la recherche d'un travail définitif, un poste que je poursuis depuis plusieurs années et qui me fait rêver depuis que je suis toute petite (je voulais aussi devenir pilote de chasse, mais les lunettes, ça l'a pas fait).


Au moment où j'écrivais ces lignes, je n'avais qu'un enthousiasme modérée, sachant bien qu'il était très, très difficile de se caser dans l’université française.
La pénurie de poste actuelle n’arrange pas les choses, et il faut souvent attendre plusieurs années avant d’être nommé, y compris dans sa propre université.

Je me suis donc promené, j’ai fait de mon mieux, puis je suis rentrée chez moi.
Et là, j’ai eu une excellente surprise.

Dans 79 jours très exactement, je serai maitre de conférences !  

Et comme les choses sont bien faites, je vais être nommée dans une ville très bien desservie en train, sans qu’il me soit nécessaire de déménager tout en me permettant de pouvoir lire 3 heures par jour, puisque je vais devenir parisienne (mais juste pour le travail).

Comme j’avais évoqué ici ces entretiens d’embauche, j’avais envie de partager aussi avec vous ce changement de situation qui a entrainé un soulagement nerveux immédiat et instantané !
J’ai encore plein de petites choses à boucler avant de passer à ce nouveau travail, histoire de ne pas trainer de casseroles et je fais des projets, comme :
  • aller à la piscine (déjà repérée),
  • m’inscrire dans une bibliothèque (vous en connaissez une dans le 5e ou le 6e ? ),
  • aller voir plus d’expos (je commence lundi prochain),
  • lire plus (3 heures de train, c’est l’idéal)


C’est donc une nouvelle vie qui va commencer, avec un nouveau rythme, et je dois dire que mis à part les soucis possibles de train, cela me tarde d’être au 1er septembre.
Pour ce blog, par contre, je poursuis sur ma lancée et comme il fêtera bientôt sa première année d’existence, ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin :-D. 




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