mercredi 7 novembre 2012

La Parenthèse d’Elodie Durand


Avant les grandes vacances, j’avais eu la possibilité de faire provision de BD en raison de la fermeture provisoire d’une des bibliothèques de Paris.
Je ne m’étais pas privé, mais l’avalanche de romans de la rentrée littéraire des vacances m’avait empêché de les lire toutes.
Comme la date de retour approche dangereusement, il fallait bien finir la pile et pour se faire, j’ai pioché cette BD la semaine dernière.

Elodie a enfin son appartement à elle. À 25 ans.
Quand elle croise une amie, Elodie ne sait pas quoi lui dire.
Que s’est-il passé pendant les deux ou trois années écoulées ? Pourquoi n’a-t-elle pas terminé son mémoire de master ? Pourquoi n’a-t-elle pas travaillé ? Que raconter ?
Elodie n’a pas de souvenir de ces dernières années. Pendant plusieurs mois, elle a dormi, longtemps, profondément. Pendant plusieurs mois, elle a souffert, silencieusement.
Pendant plusieurs mois, Elodie a lutté contre une petite tumeur qui l’étouffait, qui l’épuisait et qui ne la laissait pas en paix…

Il m’est difficile d’exprimer un avis très tranché sur cette bande dessinée, parce qu’elle m’a touché plus qu’elle n’aurait dû.
On lit parfois des livres dont on sait que le sujet sera troublant, voire même douloureux.

On le fait quand même, allez savoir pourquoi ?
Ai-je eu besoin d’exorciser un vieux souvenir, de voir de l’intérieur ce que j’ai vu de l’extérieur ?
Je ne sais pas, mais l’issue de ce livre est heureusement meilleure, puisque l’auteure raconte ce qu’elle a vécu, ce qui l’a touché dans sa chair, et surtout ce dont elle est aujourd’hui sortie.

Elodie Durand revient en effet sur une période de sa vie dont elle a dû reconstruire le déroulement.
La maladie ne lui a pas laissé de souvenirs, elle n’a pas eu de durée mais l’a plongé dans une léthargie ouatée qui l’a enfermé pendant plusieurs mois.
Pour comprendre ce qui lui est arrivé, elle pose des questions, reprend ses carnets de note tenus pendant cette « parenthèse », demande à ses parents de lui décrire ce qu’elle faisait, comment elle vivait.
Mais chacun a sa vision des choses, et pour la reconstruction de cette famille, la version de la malade elle-même devient indispensable.
C’est donc ce qu’elle fait ici, partageant ses maigres souvenirs et sa quête de reconstruction.
Et pour la lectrice que je suis, ces moments de reconstruction ont été salvateurs. Sans eux, j’aurais abandonné cette lecture qui me touchait de trop près.

Techniquement, c’est aussi un livre très troublant, car l’auteure a choisi de placer plusieurs dessins qu’elle a réalisés pendant sa maladie.
On se retrouve soudain plongé dans sa tête, face à ses visions et à l’expression d’une douleur indicible, à la fois physique et morale.
Elle se sent enfermée, absorbée, mangée par la tumeur qui prend possession d’elle-même, et les dessins nous confrontent à cela.
Le choix du noir et blanc est aussi bienvenu parce que cette période de sa vie n’appelle pas une vision polychrome du monde.

C’est donc une bande dessinée très sensible, très touchante et belle dans sa simplicité.
Je vous conseille néanmoins de la lire à un moment où vous allez bien.



8 commentaires:

  1. Beau choix de lecture qui me donne envie de le lire.

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  2. Un énorme coup de coeur pour moi aussi, j'ai adoré !

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  3. Très beau billet que tu nous livres là ! J'aime les histoires fortes et qui touchent qui me donne envie de le lire également !

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    1. Tu devrais y trouver ton compte alors, car il me semble qu'on ne peut pas rester indifférent face à cette histoire :)

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  4. Dur sujet, il faut le bon moment, ou du moins un moment moins difficile qu'un autre. Je vais le noter mais pas pour tout de suite.

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    1. C'est tout de même une bd pleine d'espoir, et assez optimiste, mais les pages où elle décrit les moments les plus sombres de sa maladie remuent forcément plein de trucs à l'intérieur.

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