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vendredi 25 mai 2018

Bakhita de Véronique Olmi 🎧📘 [Prix Audiolib]

Vous avez peut-être déjà lu des avis sur ce livre.
On l'a beaucoup vu depuis sa sortie et les blogs l'ont pas mal relayé.
J'étais donc contente de le voir dans la sélection du Prix Audiolib, ayant vraiment très envie de le lire.
J'allais à l'église quand j'étais petite, j'avais des livres sur la vie de quelques saints et cela me rappelait un peu cette période.
Malheureusement, cela n'a pas été le coup de foudre attendu.

Bakhita ne sait plus son nom. 
Enlevée près de son village, elle ne sait plus comment sa mère l'appelait, elle a perdu la mémoire de ce temps où elle pouvait trouver refuge dans ses bras. 
Sa sœur ainée aussi a été enlevée. 
Les razzias sont si nombreuses qu'aucun village n'est épargné et quand on aperçoit un enfant seul, il est si facile de l'enlever pour se faire un peu d'argent. 
On l'emmène alors à travers le désert pour le vendre et le livrer à des maitres qui auront tout pouvoir...

Et Bakhita va passer d'un maitre à l'autre, jamais libre, jamais vraiment libérée.
Elle va voir du pays, raconter ses mémoires, devenir religieuse.
La violence de la première partie est parfois insoutenable pour s'apaiser un peu à la fin du livre mais elle couve toujours.
Et Véronique Olmi nous raconte cette vie si particulière avec des mots qui n'épargnent pas.

Pour ce livre, je ne vais pas faire de commentaire séparé de la version audio parce que je crois que mon avis sur le roman est lié à l'interprétation plutôt qu'au texte.
Je ne suis que très rarement conquise par les livres audios où l'auteur lit le texte.
Cela me surprend moi-même parce qu'on imagine aisément que l'auteur saura mettre son texte en voix, qu'il l'a entendu dans sa tête en l'écrivant.
Mais la lecture expressive, c'est le métier du comédien, pas de l'auteur !
Un comédien sait trouver le rythme qui convient au texte, il donne un ton sans en faire trop, et quand la lecture est réussie, il laisse une part d'interprétation au lecteur qui écoute.
En gros, si le personnage crie, il ne crie pas mais lit l'indication "il crie".

Et là, c'est très loin de tout cela.
Véronique Olmi a un rythme de lecture assez lent, et trop expressif.
Elle ne laisse pas de place au lecteur (ce qui se comprend, c'est l'auteur).
Il y avait des passages sans doute captivants où mon attention décrochait avec un soupir tant j'aurais aimé qu'elle aille plus vite.
Et je me suis lassée.
Certains chapitres m'ont paru de trop, c'est très long. 
Écouter est devenue un mauvais moment tel que je n'avais plus envie.

J'ai terminé le roman en version numérique, lue avec les yeux parce que j'avais envie de terminer, mais pour avoir un avis sur ce livre, je vous conseille de lire plutôt des billets de lecteurs ou de lectrices qui ont aimé (ou pas d'ailleurs).
J'ai été trop dérangée par la lecture de l'auteur pour vraiment savoir ce que je pense du texte.











jeudi 10 mai 2018

Ma reine de Jean-Baptiste Andréa 🎧📘 [Prix Audiolib]

Voilà un roman court estampillé "rentrée littéraire 2017", un petit roman qui est passé un peu inaperçu dans le flot de publications de septembre dernier.
Enfin, pour moi, parce qu'il a quand même reçu plusieurs prix !
(dont le prix du roman "envoyé par la poste" dont on se demande si les créateurs manquaient d'idée pour faire un prix à tout prix...)

Eté 1965 en Provence
Shell est un jeune ado qui habite avec ses parents dans une station service où il sert parfois l'essence. 
Il ne va plus à l'école parce qu'il est un peu "différent". 
Mais cet été, il a décidé de partir à la guerre. 
Il fait son sac et en pleine nuit, il part... 
Je n'avais vraiment pas beaucoup entendu parler de ce roman avant de le voir dans la sélection du Prix Audiolib.
Il me semble que je l'ai vu sur un ou deux blogs, mais les billets ne m'avaient pas tenté. 
Je ne savais donc pas du tout de quoi cela parlait et j'ai découvert cette histoire en commençant la lecture.
Malheureusement, j'ai moyennement accroché. 
Le jeune Shell est un garçon simplet comme on disait à l'époque qui raconte cette histoire à la première personne.
Jean-Baptiste Andréa construit un narrateur qui a une épaisseur et une psychologie qui touche forcément le lecteur.
Il est attachant et on suit ses aventures avec empathie. 
Mais cela ne m'a pas suffit. 
Je suis restée loin de ses peines et de ses joies.
C'est peut-être un sujet qui ne me passionne pas, mais c'est peut-être dû aussi un peu à l'écriture, pourtant plutôt jolie. 
Et puis la fin m'a laissée un peu dubitative. 

La lecture, en revanche, est vraiment bien faite. 
Guillaume Jacquemont rend parfaitement la voix d'un jeune homme de cet âge un peu simplet et on suit l'histoire sans effort. 

Si le roman vous tente quand même, surtout, n'hésitez pas à le lire, vous pourriez aimer plus que moi. 



vendredi 20 avril 2018

La jour d'avant de Sorj Chalandon 🎧📘 [Prix Audiolib]

J'ai "rencontré" Sorj Chalandon il y a quatre ans en lisant le Quatrième mur
Je l'ai retrouvé plus tard avec Profession du père
Si j'ai adoré le premier, le deuxième m'a franchement déplu. 
J'avais donc très envie de lire ce nouveau Chalandon mais je ne savais pas trop si cela allait me plaire. 

Michel a perdu son frère en 74, lors d'un coup de grisou dans la mine. 
Toute sa vie, il a attendu de faire justice pour son frère et les autres mineurs tués par la mine des Houllieres. 
Alors que sa femme vient de mourir, il décide d'accomplir enfin ce qui l'obsède depuis tant d'années... 

La première moitié du roman m'a vraiment beaucoup plu. 
L'évocation de la mine et des mineurs dans les années 1960-1970 est émouvante, réaliste et on ne peut s'empêcher d'être en empathie avec cette histoire. 
La catastrophe de décembre 1974 est racontée pudiquement mais on a vraiment l'impression d'avoir les familles des mineurs devant nous. 
En alternance, on assiste à la fin de la femme de Michel, une fin acceptée, prévue et organisée mais qui cause un vrai cataclysme dans sa vie. 

La suite m'a un peu moins plu avant de repartir de plus belle. 
Michel retourne dans la ville de ses origines, cherche les coupables, et puis les événements stagnent. 
Mais comme Chalandon est malin, il nous a réservé une énorme surprise, un retournement que je n'avais pas du tout vu venir. 
Le dernier quart du livre passe alors sans qu'on s'en aperçoive et on assiste aux événements qui sont racontés avec l'impatience de voir comment tout cela va finir. 
C'est vraiment réussi !

La version audio est parfaite. 
Stéphane Boucher lit ce roman sans ajouter de grands effets, et cela permet à l'histoire de conserver sa force sans l'alourdir. 
Il est aussi très fort pour changer de voix quand les personnages changent. 
On suit ainsi l'histoire sans effort et ce livre audio sera en bonne place dans mon classement ! 

En résumé, c'est donc un très bon roman, bien servi par la version audio. 
Si vous aimez Chalandon, si vous avez aimé Germinal, si vous voulez lire un bon roman, n'hésitez pas ! 








vendredi 13 avril 2018

La tresse de Laetitia Colombani 🎧📘 [Prix Audiolib]

Voilà un joli petit roman !!

J'ai débuté la découverte de la sélection du prix Audiolib de cette année par deux lectures où je suis passée complètement à côté.
J'ai enchainé avec un livre que j'avais déjà lu, ce qui est forcément moins drôle, et voilà enfin une lecture que je pourrais qualifier de "jolie découverte".
J'avoue l'avoir lu aussi dans un contexte particulier.
Je me forçais un peu à en terminer deux autres dans d'autres formats et il est apparu comme une bulle d'oxygène à côté de ceux que j'avais du mal à finir. 

En Inde, Smita est une intouchable. 
Pour survivre, elle vide quotidiennement les latrines des notables du village, mais elle a décidé que sa fille irait à l'école pour qu'elle puisse avoir une autre vie. 
En Sicile, Giulia travaille dans la fabrique familiale où son père récupère et traite les cheveux des Siciliens avec ses ouvrières. 
Au Canada, Sarah est avocate et mène sa vie professionnelle d'une main de fer, au détriment de sa vie familiale... 

Lorsque j'ai ouvert ce roman, j'avais lu pas mal de billets assez contradictoires.
Il y a d'abord eu les enthousiastes, ceux qui étaient écrits par des lectrices qui avaient adoré, et puis il y a eu celles qui n'ont pas aimé, jugeant le roman trop "facile".
J'étais donc prévenue, il ne me restait qu'à me faire mon propre avis.
Et en effet, ce roman est peut-être un peu facile, on devine la fin très vite, MAIS ce sont aussi de belles histoires et c'est plutôt bien écrit.

Les trois histoires qui nous sont racontées se croisent dans les différents chapitres, et de temps en temps, des petits poèmes sont insérés, dévoilant la voix de la narratrice.
Ces textes courts offrent une respiration et un peu d'originalité à l'ensemble.
Les différentes histoires se tissent parfaitement dans un entrelacement désormais classique mais bien exécuté.
Il y a également beaucoup de thèmes abordés comme le poids de l'héritage, l'enfermement que la société peut imposer, le poids des décisions qu'on prend. 
J'ai beaucoup aimé l'histoire indienne, je ne sais pas trop pourquoi, sans doute parce que c'est Smita qui a la vie la plus difficile. 
Celle de Sarah est intéressante aussi mais j'avoue que l'histoire de cette working girl qui laisse sa vie privée de côté m'a moins séduite. 
Celle de Giulia en Sicile est touchante, il y a l'amour des livres aussi qui unit les corps (et puis je connais un peu ce coin de Sicile). 

La version audio est séduisante avec une alternance de trois voix féminines. 
L'auteure lit elle-même le récit de Sarah et les pages de la narratrice, Rebecca Marder lit l'histoire de Giulia et Estelle Vincent celle de Smita. 
Elles nous emportent et leurs voix sont assez différentes pour qu'on les distingue bien. 
Et puis 5h d'écoute, ça va tellement vite qu'on ne s'ennuie pas. 


En lisant ce livre, il ne faut sans doute pas attendre plus que ce qu'il donne, trois belles histoires qui se croisent joliment et donnent un peu à réfléchir.
Je vous le conseille en tout cas. 





jeudi 5 avril 2018

Underground Railroad de Colson Whitehead 🎧📘 [Prix Audiolib]

Pour le prix Audiolib, j'ai eu l'occasion de relire Underground Railroad en version audio.
Cela ne m'arrive pas souvent, mais pour une fois, j'ai pu comparer les deux versions.
On s'imagine souvent les personnages avec un type de voix, de caractère, et la lecture audio donne autre chose, pas toujours conforme.
C'est une interprétation qui peut être éloignée de celle qui était la notre et décevoir le lecteur.

Ici, rien de tout cela.
Le livre est lu par Aïssa Maïga qui remplit son rôle à merveille, sans prendre le pas sur l'histoire.
Sa voix est douce et nous raconte l'histoire de Cora et de ses proches.
Le propos est dur, sans concession.
Comme je le disais dans mon billet sur le roman, l'auteur ne nous épargne rien et on découvre ce que l'esclavagisme nord américain recouvrait réellement.
Il n'y a ici aucun romantisme, les évènements s'enchainent et tombent sur les personnages comme une pluie de grêlons.

Mais ne fuyez pas pour autant.
L'histoire de Cora est exemplaire et à lire.
Le seul point que l'on peut reprocher à Colson Whitehead, c'est de décrire le chemin de fer clandestin qui permettait aux esclaves de s'échapper comme un vrai chemin de fer.
Cette modification de la réalité est un peu étonnante, même si cela donne un caractère concret à la chose (en gommant l'aspect difficile de ce parcours pour échapper à la plantation).

Et si ce roman vous tente, pourquoi ne pas l'écouter en format audio ?








mercredi 14 février 2018

Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson 🎧📘 [Prix Audiolib]

* attention : billet peut-être un peu dur *
Maintenant que je vous ai averti, je vais essayer de ne pas me lâcher trop quand même.
Je n'ai vraiment pas adoré ce roman, mais j'en ai lu de bien plus mauvais.
Ce serait donc dommage de l'assassiner complètement.

Depuis son adolescence, il est resté fasciné par son camarade Thomas. 
Un amour de jeunesse dont il ne s'est jamais détaché, voyant dans les passants le dos de cet être aimé et sublimé. 
Et puis il raconte la découverte sans heurt de son homosexualité, son adolescence, l'amour caché, l'éveil de la sensualité... 

Bon, j'aime pas les bios. 
Voilà, c'est dit. 
J'essaye, je me dis que cette fois-ci, ça va le faire, et puis finalement non. 
Je craque.
Ça me lasse.
La vie des gens ne me semble que rarement intéressante quand il s'agit de regarder son petit nombril.
Et ici, c'est exactement ce que fait l'auteur.
Le style est travaillé, le texte est plutôt beau et se lit bien.
Mais j'ai l'impression d'être un psychanalyste qui écoute son patient.
L'avantage de cette lecture, c'est que je me suis rendue compte que j'en ai un peu marre de ces auteurs qui se racontent sous couvert d'un narrateur qui serait eux sans être eux (fausse prudence qui m'agace), qui regardent leur petit nombril et nous disent combien leur adolescence a été difficile / dure / insignifiante / fondatrice pour leur avenir... 
Je n'y trouve pas cette universalité qui caractérise certains bons romans sur le même sujet. 
C'est trop autocentré et cela me touche peu. 
J'ai l'impression d'être un déversoir à mal-être, un réceptacle à souvenirs à digérer, mais je ne suis pas psy et cela ne devrait pas être au lecteur de servir de défouloir. 

Du coup, je ne sais pas trop comment vous parler de ce livre parce que je ne voudrais pas l'assassiner (c'est moi qui n'aime pas les bios, ce n'est pas de la faute du livre sans doute) mais je n'ai pas passé  un super moment dans cette histoire. 
Pour tout vous dire, ce livre m'a rappelé celui d'Edouard Louis, mais en beaucoup moins violent, ce qui n'est pas négligeable ! 
(Ça, c'est un bon point) 
L'histoire est un peu similaire, un jeune homme nous raconte comment il a vécu son adolescence dans un environnement pas franchement gay friendly (mais pas non plus hyper hostile) mais il s'en est sorti quand même.
(Là, ce n'est pas forcément un bon point, j'avais l'impression d'avoir déjà entendu la même chose en plus trash). 
Et finalement, c'est peut-être ce qui m'a empêché d'avoir un vrai avis finalement.

C'est tiède, un récit sans aspérité.
C'est même carrément gnangnan par moment. 

La version audio est lue par Antoine Leiris dont vous connaissez sans doute le nom. 
Il a un petit tic de langage dans la prononciation, mais on s'y fait et sa voix va plutôt bien avec le texte. 
Il n'en fait pas trop tout en donnant du relief au récit. 
Un bon point donc ! 

Vous l'aurez compris, ce livre ne figurera pas dans mon top 5 pour le prix Audiolib.
Cela ne doit néanmoins pas vous arrêter si vous avez envie de le lire.
Mon avis est clairement très personnel. 






jeudi 4 janvier 2018

Frappe-toi le coeur d'Amélie Nothomb

Je commence l'année avec un billet enthousiaste, une jolie lecture qui m'a enchantée et qui méritait bien un billet.
Cette lecture remonte pourtant au mois de novembre, quand j'ai réussi à attraper le dernier roman d'Amélie Nothomb dans ma petite bibliothèque de campagne.
Je l'avais repéré dès la rentrée littéraire de septembre et j'avais vraiment vraiment envie de le lire. 
Pourtant, comme beaucoup je crois, j'avais délaissé l'écrivaine belge depuis pas mal d'années. 
Après avoir beaucoup aimé les trois ou quatre romans que j'avais lu (dont un récupéré dans la bibliothèque d'un hôtel en Birmanie et lu à l'aéroport pendant le transit vers Bangkok...), j'ai trouvé qu'elle faisait toujours un peu la même chose et que c'était souvent trop rapide pour moi. 
Mais là, je ne sais pas pourquoi, j'avais vraiment envie de le lire. 
Et j'ai bien fait ! 

Marie est jeune, belle, c'est la reine de sa petite ville de province et elle entend bien en profiter. 
Mais quand le fils du pharmacien tout aussi jeune et beau l'approche d'un peu trop près, elle ne peut s'empêcher de lui céder, séduite par les regards d'envie qu'elle sent se poser sur elle. 
Et puis elle tombe enceinte, et puis il faut se marier.
Diane dort pendant toute sa grossesse, fuyant dans le sommeil le gâchis qu'elle pressent. 
Plus jamais elle ne sera jeune et belle, plus jamais elle n'aura la vie devant elle et c'est la faute de sa fille...

Amélie Nothomb déploie ici tout son talent pour camper ce personnage de mère qui ne veut pas l'être, de femme superficielle et finalement pas très intelligente. 
Sa fille devient son tourment et même si elle fait tout pour ne pas la voir, on sent toute la haine qu'elle peut avoir pour ce petit être et on devine qu'elle ne peut s'empêcher tout de même de l'aimer un peu. 
La première partie du roman est à la fois terrible et navrante. 
Cette mère qui ne peut pas l'être n'inspire même pas la pitié. 
Le texte est rapide, incisif, il décrit un processus implacable qui fait de Diane, sa fille, une enfant malheureuse qui n'a pourtant rien demandé. 
J'ai lu plusieurs billets qui regrettaient que la deuxième partie du roman ne soit pas à la hauteur de la première. 
Peut-être est-ce parce qu'elle se déroule dans mon milieu professionnel, mais je crois que je l'ai aimé encore plus que la première. 
Diane s'est éloignée de sa mère toxique mais s'est trouvé une mère de substitution qui l'est finalement tout autant. 
La conclusion du roman est à la hauteur des pages qui précèdent et surtout de l'auteure qui sait distiller une petite pointe de crime sans qu'on le voit arriver. 

Si vous cédez à la tentation, ce petit roman ne vous prendra que quelques heures et vous permettra peut-être de découvrir ou redécouvrir Amélie Nothomb.

C'est en tout cas un très bon cru que je vous conseille sans hésiter.






vendredi 17 novembre 2017

Underground Railroad de Colson Whitehead

Chaque année, les matchs de la rentrée littéraire Price Minister nous proposent de lire un roman parmi une sélection pointue réalisée par des blogueuses.
Cette année, je l'avoue, j'ai eu du mal à choisir.
La plupart des romans ne me tentait pas, les thèmes abordés n'étaient pas de ceux que j'aime habituellement, mais bon, j'ai quand même demandé Underground Railroad après avoir lu un ou deux billets tentants.
Et puis le sujet du chemin de fer clandestin aux Etats-Unis pendant la traite des noirs, c'est quand même relativement rare dans les romans actuels.
Et finalement, cela aurait été dommage de ne pas le lire.

Dans la plantation des Randall, Cora se débrouille pour vivre sa vie comme elle peut. 
Depuis que sa mère a disparu, elle garde jalousement le petit bout de terre qu'elle cultivait pour faire pousser quelques légumes mais a dû s'installer parmi les rejetés, les parias de la plantation. 
A Hob, il n'y a pas de salut, mais seulement des estropiés ou des femmes rejetées. 
Et puis un jour, Caesar lui propose de partir. 
Il veut s'enfuir et le faire avec elle. 
Mais personne n'a jamais réussi à s'enfuir, à part Mabel... 

Le roman de Colson Whitehead est porté par un souffle épique indéniable.
Chaque rebondissement trouve son retournement positif, chaque mauvaise surprise se voit résolue parce que Cora se bat et ne laisse jamais tomber.
C'est un portrait de femme qui se construit au fil des pages et donne à voir en arrière-plan un portrait de l'Amérique qui n'est pas très reluisant.
On connait évidemment les plantations et ce que pouvaient subir les esclaves qui s'y trouvaient.
Mais sortir de la plantation ne garantissait pas la vie sauve et d'autres calamités pouvaient s'abattre sur les noirs sans que personne ne s'en offusque vraiment.
De ce point de vue, le roman joue parfaitement son rôle en permettant de découvrir davantage ce que pouvait représenter cette époque.

Le style de Whitehead, en revanche, peut paraitre un peu déroutant.
C'est froid, presque clinique, il décrit les évènements mais ne nous donne que très peu accès aux pensées et aux sentiments de ses personnages.
Moi qui aime les grandes fresques romanesques, j'ai été surprise de constater que cela ne m'a pas vraiment gêné parce qu'il se passe plein de choses et sans doute étais-je aussi intéressée par le cadre et l'arrière plan historique que par l'histoire de Cora.
Et puis Cora est une esclave qui a grandit seule, qui a dû se protéger et forger sa carapace.
Elle ne se livre donc pas facilement.
Les quelques billets lus signalant ce défaut m'avaient peut-être également préparé à lire un texte de ce genre.

En bref, c'est un roman que je vous conseille vraiment si la période vous plait, si vous avez envie de lire une fresque historique, un roman qui vous emporte et qui vous permettra d'apprendre plein de trucs sur cette période.
Et il a quand même eu le prix Pulitzer et le National Book Award !




Les billets de Moka, Saxaoul, Lecturissime, ...






4/6 romans lus



lundi 23 octobre 2017

Ces rêves qu'on piétine de Sébastien Spitzer

Il y a des romans dont on ne sait pas quoi dire quand on les a refermé.
(et qui finalement donnent lieu à des billets interminables)
Il y a aussi des romans qui rendent difficile toute lecture ensuite tellement ils sont marquants.
Celui-ci rentre dans ces deux catégories et je vais essayer de vous en parler sans trop m'égarer.

Aimé marche, un rouleau de cuir serré contre lui. 
Il ne sait pas combien de temps durera la marche, mais il sait que cela va finir, enfin. 
Magda sait que la fin est proche. 
Dans Berlin assiégé et bombardé, elle s'est réfugiée avec ses enfants dans le bunker d'Hitler où elle attend que quelque chose se passe. 
Toute sa vie, elle a tenté de monter plus haut, de devenir quelqu'un. 
Et elle y est parvenue... 

Les premiers romans, je me méfie toujours.
C'est comme ça, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher.
Et là, en plus, le sujet est franchement plombant, avouons-le.
Je ne suis pas fan de cette période historique, et si je lis de temps en temps un roman sur la guerre de 39-45 ou sur la fin de celle-ci, il faut vraiment que l'histoire me tente.

Mais alors pourquoi l'ai-je lu ?
Avec toutes ces réticences, c'était quand même la catastrophe assurée !

Quand le roman est arrivé chez moi, demandé par monsieur pour les matchs de la Rentrée Littéraire Price Minister, j'étais dans une grosse panne de lecture.
J'avais plein de livres en court mais rien de vraiment enthousiasmant.
J'avoue, un peu fascinée par la figure de Magda Goebbels (qui a tué 6 de ses enfants !), j'ai ouvert ce roman.
Et j'ai accroché immédiatement.

Le récit entrelace les vies de Magda Goebbels, de déportés, d'une petite fille rescapée, et les lettres du père adoptif de Magda.
Chaque chapitre change de point de vue dans un procédé très classique, mais parfaitement maitrisé.
C'est à la fois froid et beau, il n'y a pas de superflu, pas de sentimentalisme incongru.
Les évènements sont racontés froidement mais dans un texte d'une beauté à couper le souffle.
Certains passages sont d'une poésie qui m'a soufflé.
Ils disent l'horreur avec une économie de mots et un assemblage des phrases qui démontre un talent certain chez Spitzer !!
Mais le titre est déjà un morceau de poésie à lui tout seul !

Et pour une fois, il me semble qu'il faut aussi dire un mot de l'éditeur Les éditions de l'Observatoire car la couverture est superbe.
La photo est parfaitement choisie, le titre se détache en lettres brillantes, c'est un bel objet qui donne envie de l'ouvrir.
Les pages sont aussi épaisses et aucune coquille ne m'a accroché les yeux dans le texte (ce qui devient assez rare).

En bref, c'est un livre incontournable en cette rentrée littéraire.
Rien que pour le texte si beau, ne passez pas à côté et si vous avez aimé Kinderzimmer de Goby, vous retrouverez certains thèmes communs.


"L'image de la chute pour finir en beauté. Les rêves s'effondrent quand ils deviennent passionnants. Quand ils nous crochent, nous happent, sans prévenir."

"Reste la nuit. Epaisse. Lourde. Vide à tous ceux qui ont peur, à ceux qui désespèrent, se trompent. Cette nuit est aussi pleine que les autres. Féconde. Mystérieuse. Imprévisible. Elle s'est insinuée de l'autre côté des murs. L'heure des souffles de vie. L'heure des silences."

"Dans le réduit de béton, il règne un silence de messe dite. Des murmures, des voix etouffées, la peur épaisse. Ses talons sondent les lieux. Une preuve de vie. Les réfugiés du bunker se cachent. Le bruit est leur premier ennemi."




3/6 romans lus




lundi 2 octobre 2017

Gabriële d'Anne et Claire Berest

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais cette année, la rentrée littéraire est marquée par des livres qui parlent d’art, de peintres, de femmes de peintres.
J’ai lu un essai de Camille Laurens sur la fameuse statue dedanseuse de Degas, et puis ce roman sur la femme de Francis Picabia : Gabriële.
Mais j’en ai encore en réserve car on peut trouver aussi Je suis Jeanne Hébuterne sur les étals des libraires, ou Mina Loy.

Mais revenons à Gabriële.

Gabriële Buffet est une femme forte, indépendante.
A 27 ans, elle vit seule à Berlin où elle étudie la musique.
Sa volonté et sa force de caractère lui ont permis de faire des études de musique où elle s’est distinguée par son talent en composition.
Alors que ses parents songent à la marier, elle s’esquivent et réussi à y échapper.
Mais lors d’un déjeuner familial, son frère lui présente Francis Picabia et c’est un coup de foudre intellectuel immédiat.
Gabriële et Francis ne pourront plus se quitter…

Avouons le tout de suite, j’aurais voulu adorer ce roman.
J’ai lu de nombreux billets enthousiastes, et j’ai vraiment l’impression d’être passée à côté.
Pourtant, il se passe beaucoup de choses dans ce livre.
Le rythme est trépidant et la vie de cette femme (et de son mari) est extraordinaire.
Et puis j’aime beaucoup le travail de Picabia et cela m’intéressait énormément.

Mais je crois que le style ne me convient pas.
C’est un roman, et cela n’en est pas tout à fait un.
Les deux auteures sont les arrière-petites filles de Gabriële Picabia.
Elles ont choisi de raconter la vie de leur aïeule en s’immiscant parfois dans le récit, en faisant des réflexions sur leur écriture, sur ce qu’elles se sont autorisé ou non.
Elles adoptent aussi une écriture très factuelle, émaillée de citations de lettres et de textes de personnages croisés par l’héroïne éponyme.
Et je pense que c’est là que je n’adhère pas.
J’aurais aimé plus de sentiment, plus d’implication dans ce que peut penser et vivre Gabriële.
C'est une écriture journalistique dans laquelle j'ai du mal à me sentir concernée. 
Cela m’a semblé assez froid et finalement très frustrant.

Par contre, j'ai beaucoup aimé la présence de photos.
Dans un récit comme celui-là, on a forcément envie de voir les tableaux (mais là, il faut aller sur Google ou Qwant) et de scruter les visages, même en tout petit. 

Face à mon avis empli de déception, je vous conseille d’aller plutôt lire les billets d’Antigone, Sylire ou Saxaoul si le sujet vous plait.
Cela vous donnera peut-être plus envie que moi.





2/6 romans lus



jeudi 28 septembre 2017

Ma rentrée littéraire 2017 📚🏆

La rentrée littéraire, ce moment qui doit être tant attendu par certains et tant redouté par d'autres.
Il y a les lecteurs qui la fuient, ceux qui l'aiment, ceux qui s'en fichent complètement.
Pour ma part, je trouve cela rigolo de voir des romans dont on ne sait rien, des couvertures et des résumés qui ne vont nous séduire que pour eux-mêmes.
Evidemment, cela ne dure que quelques jours, à moins de vivre dans une bulle.
Très vite, les revues spécialisées publient leur sélection, les blogs qui ont eu la primeur des romans les mieux mis en avant publient leurs critiques, et s'en est presque fini de cet effet de surprise que j'aime tant.
Et oui, presque seulement, parce qu'il reste plein de romans qui ne font pas les gros titres et réservent encore pas mal de temps leur mystère.
Quant à ceux qui sont plus dévoilés, certains me font davantage envie après la lecture des billets, et c'est tant mieux.




Cette année, il y en a plein que j'ai repéré mais que je n'ai vu sur aucun blog !
Tant mieux, je vais pouvoir les découvrir et peut-être vous donner envie de les lire avant tout le monde.
Bon, en même temps, si je suis honnête avec moi-même, je sais aussi que je suis parfois plutôt lente et qu'il y a des chances que d'autres aillent plus vite que moi.
Mais cela n'a finalement pas beaucoup d'importance.

En attendant que je me décide à les ouvrir, j'ai tout de même eu envie de partager avec vous ma petite sélection.
Voilà donc les romans déjà lus ou bien entamés :







J'ai commencé par La petite danseuse de quatorze ans (parce qu'il était court, j'avoue).
C'est un essai très intéressant pour qui s'intéresse à l'art.
J'ai poursuivi avec une petite déception Gabriële des soeurs Berest, une biographie un peu trop journalistique pour moi sans doute.
Pour les matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister, j'ai reçu Underground Railroad, et mon homme a demandé Ces rêves qu'on piétine (que j'ai finalement déjà commencé, fortement influencée par les avis positifs de plein de monde).

Et voici tous mes repérages, dont la plupart sont au chaud dans ma liseuse :




 

Le Nothomb me fait vraiment très très envie.
Depuis plusieurs années, je ne la lis plus, mais là, il semblerait que ce soit un bon cru.
J'ai un peu peur du Chalandon par contre.
J'avais beaucoup aimé le 4e mur, mais pas du tout Profession du père.
Pour le reste, je suis rarement déçue par Stock alors je pioche sans hésiter dans leurs publications.
Pour Grasset, c'est plus fluctuant.
Mina Loy et Jeanne Hébuterne tournent autour de la peinture, les Talons rouges a l'air un peu surprenant avec ses vampires au milieu de la révolution française, et Josef Mengele viendra contrebalancer le Spitzer où Magda Goebbels a choisi le suicide plutôt que la fuite.


Alors ? Certains vous tentent ? 

Bonne lecture en tout cas !








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